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un pan de toile chez les étoiles
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Catégorie : Qui suis-je ?

un pan de toile chez les étoiles
VIP-Blog de cyberdam
  • 2 articles publiés dans cette catégorie
  • 21 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 27/06/2005 06:47
    Modifié : 21/08/2008 09:22

    Garçon (47 ans)
    Origine : Nouméa
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    Mon CV en ligne

    08/09/2005 01:23

    Mon CV en ligne



    FAUGEROLLES DAMIEN

    dit Cyberdam ou Damcybermite (chat AIM)

    Né à Bordeaux le 18 Mai 1959

    Réside actuellement Baie des Citrons à Nouméa (changement radical!!!) tout en continuant de garder le contact avec la terre rouge du Sud,
    Au Sud-Ouest de la Grande-Terre de
    Nouvelle-Kalédony (New Calédonia)
    Pacifique Sud planète Terre



    DIPLOME : BAC série E (math et technique) en 1976 à Bordeaux

    NIVEAU D’ÉTUDES : Math. Spé. (Bac+2) Lycée M. Montaigne Bx

    ACTIVITES :

    Juin 2006

              • Gogos et gaga ; Marylin

    Mai 2006

    premières parutions de cybEmite Édition:
                • Chansons à lire
                • Boomerang

    Année 2005

    Découvre l'ordinateur et le Web: Commence par l'apprentissage du clavier puis des logiciels de traitement de texte et d'image, mise en page etc. La production littéraire prévue est retardée par un fervent engagement pour la cause écologique.

    Septembre 2004 Agent recenseur dans le quartier du Val Rolda (4ème Km)

    mai 2004 : Retour vers la civilisation en vue de publier quelques textes...

    1992 à mai 2004 :
    Vie quasi autarcique à Puruwa, baie de Pourina, du "Robinson de YATÉ", "Ermite de la Côte-Oubliée".

    Activités de subsistance : Construction de cases traditionnelles; une grande pour les humains, une plus modeste pour les ignames.

    Cultures vivrières : coco, igname, manioc, taro, papaye, agrumes, choux kanak et nombreuses plantes vertes semi-spontannées, kava, vanille...

    Pêche à pied et à la traîne : picots gris jusqu'à leur disparition brutale pendant plusieurs années, perroquets, saumonées ; tazar, carangue et quelques thonidés à la traîne. Très peu de coquillages surpêchés.

    Petits élevages : volaille pour les œufs, caprins pour le lait et le débroussage de la cocoteraie

    Activités commerciales : Apiculture : Une année, avec cinq ruches en double hausse, j'ai sorti presque une tonne de miel du rûcher dans la saison d'un miel excellent. La moyenne de production s'élevait en gros à 50 Kilo de miel par rûche et par an.

    Vanille : Résultats inégaux difficultés de sèchage pendant les périodes de mauvais temps mais production qui se conserve indéfiniment, facile à stocker et à transporter.

    Artisanat

    Economie solidaire :

    Accueil des randonneurs (table d’hôte, hébergement, nautonier) ; échanges avec pêcheurs agriculteurs, voileux....

    1989 à1991 : Professeur de mathématique (et bien d’autres matières) au G.O.D. de Tuauru YATÉ (DEC)

    Sous-directeur chargé du secondaire

    de 1987 à 1988 : Vie autarcique Baie de KUAKUÉ puis Baie de POURINA à YATÉ
    1986 : Professeur de mathématique au collège de BOURAIL (DEC)
    1985 : Retraite spirituelle, apprentissage du Hata Yoga
    1984 : Professeur de mathématique à PAÏTA (Collège et Lycée Ste Marie ; Collège Jean XXIII ‑ DEC)
    1983 : Arrivée en Nouvelle Calédonie après une adolescence alternant vie citadine à Bordeaux et vie paysanne dans le Médoc.



    INFORMATIQUE : J'ai un ordinateur portable Tosh A10 dont je ne me plains pas ; je préfère Mozilla et Firefox ainsi que Filezilla pour naviguer ou installer un petit bout de toile sur le Web. Je maitrise des logiciels de traitement de texte, mise en pages, travaux sur photos ou images, reproduction et montage de son et commence à me risquer à expérimenter sites et blogs.

    PERMIS VL : préfère toutefois marche et transports en commun quand il est contraint de bouger. Ceux qui se font de moi l'idée d'un explorateur intrépide sont dans l'erreur : je suis très stable, presque casanier.

    LOISIRS, PASSIONS :

    Yoga et méditation ne coûtent rien, ne dépensent pas d'énergie, permettent de garder la souplesse physique et intellectuelle, d'évacuer tensions et stress et permettent d'accéder aux niveaux spirituels de l'être sans souscrire à une idéologie religieuse.

    Écriture romanesque et poétique, qui doit se transformer en projet de micro-édition. Tous les textes écrits dans la solitude à la bougie sont tapés et bien rangés dans leurs dossier informatique à l'exception d'une douzaine de carnets de journaux quotidiens.

    Musique : chant et percussions

    Lecture : ce sont les livres qui m'ont construit et qui m'ont permis d'acquérir les savoir-faire qui me furent utiles en bien des occasions.

    Étude des interactions humaines dans le but d’améliorer la communication et la qualité de la vie en général.

    Défense de l'Environnement et projection vers une harmonie humaine planétaire. C'est ce qui m'occupe le plus ces derniers mois vu l'urgence de la situation en Calédonie, mais ces heures passées à éplucher et annoter, classer, présenter, mettre en ligne m'ont permis de gagner de nouvelles compétences qui me seront utiles pour développer mon projet personnel. En définitive, je pressens que mon niveau d'engagement futur dans ce domaine dépendra de mes capacités à réunir des partenaires crédibles volontaires et organisés.


    CONTACTS :


    mél : cyberdamien@gmail.com

    mon site Inkomania http://damcybermite.new.fr/
    mon blog Inkomania http://cyberdam.mon-blog.org


    Merci de votre visite et bonne lecture

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    L'Ermite de la Côte-Oubliée

    07/09/2005 06:53

    L'Ermite de la Côte-Oubliée


    L'histoire de l'histoire

    A la fin des années 90, Guy est venu me demander si je voulais bien me prêter au jeu de l'interview. Dans le cadre d'un travail universitaire, il devait rédiger un résumé de vie ; le sujet étant choisi pour la particularité de son parcours et les idées qu'il aurait à transmettre.
    C'est le document plus long qui a servi à condenser cette mini-biographie qui est présenté ici.
    En relisant Guy, j'ai pu voir comment il me voyait ; et quand il a écouté mes commentaires il a pu voir comment je le voyais me voir...
    Ainsi il pu exprimer nettement sa façon de me voir le voir me regarder....
    Les titres sont de moi ; Bonne lecture... Dam

    "L'Ermite de la Côte-Oubliée" par Guy Fohringer

    Table des chapitres :


    1. L'histoire de l'histoire
      1. Table des chapitres :
        1. Arrivée à Puruwa
        2. Le vécu
        3. Résumé de vie
        4. Le bout du monde
        5. Robinsons... volontaires
        6. Une vie luxueuse... sans argent
        7. Enfants
        8. Vivre autrement
        9. Des rats et des hommes
        10. Domination
        11. L'argent décalé
        12. Case
        13. La Mort
        14. Lectures
        15. Culture
        16. Accord ?

    Arrivée à Puruwa

    Après trois quarts d’heure de bateau, le long de la côte Sud Est de la Grande Terre, nous arrivons à Puruwa. A peine avons nous touché terre qu’une silhouette surgit entre les cocotiers. Damien n’a pas changé. Son tricot délavé, l’étoffe qu’il porte en guise de pagne, ses longs cheveux châtains bouclés flottant au vent, sa barbe en broussaille, un regard vif, lui donnent une allure de Robinson des Mers du sud. Il vient vers nous avec un large sourire un peu perplexe.

    Damien vit sur une petite propriété de 25 hectares, en bord de mer, située à trente cinq kilomètres de Yaté, entre Unia et Ouiné. Pour y accéder, on se rend en voiture jusqu’au bout de la route après la tribu d’Unia, puis on longe la côte sur environ 9 kilomètres en bateau ou à pied par marée basse. L’endroit est exposé au sud est, donc au vent dominant, ce qui rend l’accès périlleux, par mauvais temps. La propriété se situe dans la seconde baie après l’embouchure de la Pourina, à 2 kilomètres environ du Cap Tonnedu, qui marque la limite avec la baie très profonde de la Ouiné au fond de laquelle se trouve le village minier de Montagnat. Les premières habitations sont distantes de la Pourina d’une dizaine de kilomètres : Unia au sud et Ouiné au nord.

    Puruwa est une étape obligée des marcheurs intrépides qui rallient Yaté à Thio, par la Côte Oubliée et qui passent par Ouiné, Kouakoué, la Ni, Ngoye, Borindi et Port Bouquet. On peut aussi accéder à Puruwa à pied, par le parc de la Rivière Bleue, en prenant une ancienne piste de prospection très dégradée, sur environ 50 kilomètres, qui traverse la chaîne, en longeant la Poudjémia, un affluent de la Pourina,. La végétation dominante de cette région est le maquis minier, mais on y trouve aussi des lambeaux importants de forêt tropicale humide, sur les plateaux ou le long des rivières ainsi que des forêts côtières dans les baies du bord de la mer.

    Au pied de la Chaîne, couverte de forêts, la propriété, est formée par un fond de vallée. Située en bord de mer, elle est bordée d’une plage de chrome de fer noir qui fait un kilomètre de long, entre les deux pointes qui en fixent les limites. Une avancée rocheuse formant à marée haute un petit îlot donne à la baie un caractère romantique. Entre deux grands récifs de terre, qui servent de refuge aux poissons, aux coquillages et aux crustacés, un chenal permet aux embarcations d’accoster.

    Un creek intarissable, la Puruwa, traverse la propriété, ce qui représente, pour une habitation permanente, un atout considérable. Une cocoteraie s’étend sur 8 hectares de zone maritime. Trois à quatre hectares ont été défrichés pour les cultures vivrières.

    Une maison d’environ 80 mètres carrés, en pierre de rivière, bois et tôles d’ une seule pièce abrite la cuisine, la chambre d’hôtes, le salon, lieu de méditation ou de lecture par mauvais temps. Au centre de la maison, un foyer permet de faire la cuisine au feu de bois. Une véranda sert de salle à manger et d’atelier. Elle donne sur un jardin où poussent pèle mêle d’innombrables arbres fruitiers, des palmiers, des lianes et des plantes aromatiques, des fleurs et des légumes. A une dizaine de mètres, au cœur du jardin, se dresse le cône majestueux d’une case en paille. A ses côtés, une autre case fait office d’appentis où sont entreposées les ignames. Dans une baraque en tôles noircies, on aperçoit une construction en pierres et en argile, en forme de voûte où les poissons sont fumés pour les conserver, car il n’y a ni électricité ni frigo. Un peu plus loin, un poulailler entouré d’un grillage renferme une vingtaine de poules et de canards. Sur le front de mer, quatre chèvres attachées broutent sous la cocoteraie.

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    Le vécu

    Depuis plus de 10 ans, Damien vit sur cette propriété, parfaitement intégré à ce microcosme. Arrivé un peu par hasard, il s’y est enraciné, en connaît les moindres recoins et a fini par s’y attacher. Il sait nommer la plupart des espèces végétales et animales terrestres et maritimes qu’il identifie avec précision et qui partagent son univers. Il veille à ne pas perturber le fragile équilibre qui fait de ce bout de terre isolé, perdu au milieu de nulle part, un petit bout de paradis, une oasis de vie.

    Après le pot des retrouvailles, Damien nous invite à faire un tour dans son jardin, muni d’une corbeille et nous glanons par ci par là une racine de manioc, quelques taros, des feuilles de chou kanak, des ambrevades – pois d’Angole -, des feuilles de citrouille, des papayes, un coco sec, et des œufs au poulailler qui feront les ingrédients de notre repas de midi. Tous ceux qui ont rencontré Damien ou qui en ont entendu parler se posent immanquablement les mêmes questions :

    Que fait un homme de 42 ans au fond d’une forêt calédonienne, à des dizaines de kilomètres de tout endroit dit « civilisé », alors qu’il pourrait être ingénieur à INCO ou enseigner les mathématiques dans un collège ?

    Quelles sont les circonstances qui l’ont conduit à la Pourina et quelles sont ses motivations pour y être resté plus de 10 ans ?

    Quelles sont les raisons de ce choix ? Quelles sont les finalités de sa quête ?

    Comment occupe-t-il le temps ? Quels sont ses rapports avec les autres ?

    Comment se situe-t-il par rapport à la société kanake et occidentale ? Quels sont ses attentes et ses espoirs ?

    En un mot quelle est sa conception du monde et sa vision de l’avenir ?

    Pendant que la marmite mijote, la conversation se poursuit à bâtons rompus, et une bonne bouteille de Bordeaux aidant, elle se prolonge tard dans l’après midi. Au moment où la marée commence à monter, nous décidons d’aller faire un tour sur le récif, munis d’une senne, d’un épervier, d’une sagaie et d’un sac, mais les poissons ne sont pas au rendez-vous. Sur le chemin du retour, nous déterrons un pied de kava à maturité Les racines et le bulbe sont soigneusement nettoyés, réduits en petits morceaux puis finement hachés.

    A la nuit tombée, quand le kava est prêt, chacun choisit son « cell » : une moitié de noix de coco débarrassée de sa bourre et finement sculptée sur sa face extérieure. Après avoir retiré nos claquettes, nous nous installons dans la case, sur des nattes autour du feu qui crépite dans le foyer. Le kava commence à faire son effet et Damien rompt enfin le silence d’une voix calme et posée. Dehors le temps est à la pluie et on entend les vagues se briser inlassablement sur le rivage.

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    Résumé de vie

    Damien est né en 1959 et a passé son enfance dans un petit village de 500 habitants, dans le Bas Médoc, une région de marais, forêt de pins et bien sûr vignes à une centaine de kilomètres au Nord de Bordeaux. C’est un village de paysans, un peu en retrait, à 5 kilomètres de l’Atlantique et qui bénéficie donc comme Soulac ou Montalivet des retombées touristiques. On y pratique surtout l’élevage de vaches hollandaises sur les paluds : des terrains gagnés sur la mer. Le village tire une grande part de ses ressources de l’exploitation d’une immense forêt littorale de pins maritimes.

    Ses grand parents paternels, il les a toujours connus retraités. Son grand père était cantonnier, sa grand mère femme au foyer. Sans être rétrogrades, ils étaient très attachés à leurs habitudes. Leur passe temps était de s’installer sur leur terrasse et de compter les voitures qui passaient. Il y a dix ans, il en passait trois par jour, hier il en est passé 127 ! Ils faisaient leur jardin, leur poulailler et leur vie s’écoulait ainsi tranquillement. Comme ils habitaient à une trentaine de kilomètres, la famille au complet –Damien a un frère et une sœur plus jeunes que lui – les visitait souvent les dimanches après midi…

    Ses grand parents maternels habitaient dans l’Yonne à 600 kilomètres. Ils étaient plutôt citadins. Son grand père a travaillé sur des chantiers, en Afrique du Nord, en Espagne, en Afrique noire. Il a vu du pays. Avec son grand père maternel, il s’entendait bien : c’est lui qui l’a initié à la pêche à la ligne, aux brochets, aux gardons, aux tanches, dans les rivières ou les lacs.

    Ses parents tous deux instituteurs, habitaient un logement de fonction. De ce fait, il a passé une grande partie de son enfance « à l’école » même quand il n’avait pas classe.

    Le père de Damien, qui a 70 ans est persuadé qu’il a été un bon père de famille et un bon instituteur. Damien a essayé depuis de lui expliquer qu’il ne l’avait pas ressenti ainsi. En instituteur consciencieux, son père passait son temps à rédiger le journal de classe, à préparer ses leçons et à corriger les cahiers. Il avait même installé une sonnette dans sa salle de classe pour qu’on puisse l’appeler quand le repas était prêt. Il n’était jamais à la maison.

    Quand les choses ne correspondaient pas à ce qu’il souhaitait, il lui arrivait de s’emporter, de frapper ses enfants, leur arracher les cheveux ou leur tirer violemment les oreilles. Il justifiait ces pratiques en invoquant les traitements qu’il avait lui-même subi étant enfant. Il se souvenait du nombre de coups de règle qu’il avait eu pour des taches sur son cahier d’écolier, mais était amnésique en ce qui concerne les punitions qu’il infligeait à ses propres enfants. Ce qu’on pouvait lui reprocher ce n’est pas tant sa sévérité que la disproportion des châtiments par rapport aux fautes commises et surtout de se laisser submerger par la colère. De son père, Damien semble avoir gardé l’image d’un homme consciencieux, travailleur, soucieux des convenances sociales, mais absent, parfois colérique et arbitraire.

    Sa mère était perfectionniste voire maniaque : tous les bibelots nombreux et choisis avec goût étaient toujours bien propres à leur place. Elle faisait une crise de nerf pour une tache sur le velours d’une chaise. Même la chambre des enfants devait toujours être soigneusement rangée. Aucun jouet ne devait traîner. Elle faisait elle même leur lit de peur qu’ils ne laissent des plis.

    Elle s’était probablement mariée pour fuir la cellule familiale et plus précisément son père qui était sévère et l’empêchait de sortir. Comme cela arrive parfois, elle a épousé un homme qui ressemblait un peu à son père. En 4 ans, elle a eu 3 enfants. Comme beaucoup de femmes qui ont eu des enfants sans vraiment les désirer, elle a tenu à être irréprochable dans son rôle de mère : elle a toujours bien fait la cuisine, tenu la maison et élevé ses enfants.

    Sur le plan matériel, Damien n’a jamais manqué de rien. Toutes les semaines il avait son argent de poche sans même avoir à le demander. Ses parents lui ont fait des cadeaux sans toutefois lui demander ce dont il avait vraiment envie. Et pourtant il avait le sentiment d’un vide. Tout était plus ou moins implicite. Il n’a jamais eu de discussion avec ses parents par exemple sur la sexualité ou Dieu. Ses parents l’obligeaient à aller au catéchisme et à la messe surtout à l’approche de la communion, alors qu’eux mêmes ne fréquentaient jamais l’église. Il a donc entretenu avec ses parents des rapports plutôt distants, superficiels et conventionnels.

    Dans sa famille, il garde toutefois le souvenir d’un personnage sortant du commun : son oncle Jean. Un jour, malgré le scandale que ça causait à cette époque, celui-ci a plaqué, sa femme qui était employée de banque manucurée, maquillée, bien sapée et accrochée à l’argent. Il s’est mis avec une baba cool bien plus décontractée et sympa avec laquelle il entreprit la réalisation d’un rêve : la construction d’un voilier en ferrociment pour entreprendre le tour du monde. Ils y consacrèrent tout leur temps libre durant des années mais quand le bateau fut presque fini, au cours des premières vacances qu’ils s’accordèrent à Majorque ou à Las Palmas il eut un infarctus fatal. Il n’avait pas quarante ans.

    Damien a passé sa scolarité enfantine et primaire dans les classes où ses parents étaient eux-mêmes instituteurs. Comme il savait lire dès l’âge de 4 ans, sa mère a décidé de lui faire sauter une classe et de le mettre au CP, avec une autre enfant, Isabelle dont il était très amoureux. Il était Tarzan et rêvait déjà de passer sa vie au fond d’une forêt tropicale, avec la fille qu’il aimait.

    Son passage au collège à Soulac qui compte 3000 habitants a été un choc : il fallait jouer des coudes pour monter dans le car ou se rendre à la cantine. Très tôt, il s’est avéré qu’il était excellent en mathématiques. Il finissait ses exercices avant les autres et avait régulièrement des 19 et des 20. Il a eu avec son professeur de mathématiques qui l’a initié à l’aéromodélisme des rapports privilégiés. Ce professeur a d’ailleurs fini par décider ses parents de l’envoyer sans tarder à Bordeaux terminer les années de collège.

    Il s’est donc retrouvé très jeune, interne au lycée Louis Victor Talence, dans un vieux bâtiment avec du salpêtre aux murs et la tuyauterie apparente. Il n’avait pas changé depuis que son père y avait été lui-même interne. Il se levait tous les lundis à 4 heures du matin pour prendre le car et sa mère lui faisait cuire un œuf au plat, mais il n’osait pas lui dire qu’il n’aimait pas ça. Il en était malade et de constitution plutôt frêle, il se trouvait perdu au milieu de la foule anonyme du lycée. Il en fait encore des cauchemars : il cherche sa salle de cours au fond d’interminables couloirs, dans des bâtiments immenses. Dès 13 ans, il s’intéressait davantage aux filles qu’à ses cours. Le proviseur ayant eu à lui reprocher quelques écarts de conduite a accueilli très favorablement son projet d’orientation dans le technique après la troisième. Il a donc été admis en seconde T1, puis en première et terminale E, avec 40 heures de cours par semaine. Il réussit sans trop travailler et pendant les heures d’étude, il écrivait d’innombrables lettres d’amour à l’une des 3 filles de sa classe, qui s’appelait Marika. Ce fut sa première relation amoureuse sérieuse puisqu’elle a duré 3 ans.

    Il a passé son bac du premier coup à 17 ans en 1976 et a été admis à math sup. Certains professeurs étaient des « antiquités » : depuis plus de 15 ans, ils écrivaient les mêmes cours au tableau. Il fallait parfois qu’un redoublant leur signale qu’ils avaient sauté une ligne. En Mathématiques, l’un d’eux se lançait dans des démonstrations que seuls les 5 premiers élèves de la promotion étaient en mesure de comprendre. Les autres, ils les considéraient de façon condescendante en leur disant : « Mes pauvres enfants, qu’allez-vous devenir ? » tout en leur attribuant des notes exécrables.

    Il était tombé sur une bande de copains qui l’ont initié à la loubardise. Comme il était en froid avec ses parents, il a dû se débrouiller pour trouver de l’argent, parfois de façon légale, grâce à de petits boulots, barman, livreur de pain, saisonnier agricole, soit de façon illégale, en pillant les parcmètres. Marika, son amie avait une forte personnalité, et il fallait qu’il se montre à la hauteur. Pour se distinguer, il commit un certain nombre de larcins qui lui valurent des démêlés avec la police et des relations de plus en plus tendues avec ses parents, avec lesquels il finit par rompre les relations dès sa majorité. Pendant que ses camarades préparaient assidûment leurs concours aux grandes écoles, avec son copain Thierry, il passait son temps à faire des concours de pétanque, à séduire les filles et à sortir en boîte. C’était l’époque des punks avec les cheveux en crête, les épingles à nourrice, les filles en mini-jupes de cuir. Il y avait déjà la pilule et pas encore le sida.

    Quand ils rentraient vers 4 heures du matin, ils passaient par la place des Capucins et allaient boire un café au marché aux poissons qui rappelaient à Thierry la Nouvelle Calédonie où il avait passé son enfance. Dès que Thierry eut obtenu son monitorat de tennis, il se rendit dans une agence, prit un billet d’avion pour Nouméa, en encourageant Damien à le rejoindre, ce qu’il fit quelques semaines après. Thierry a été bon en tennis, il a même été champion de Nouvelle Calédonie et il gagnait sa vie en donnant des cours, mais il avait un fort penchant pour le poker et l’alcool. Sa passion était la mer et la plongée et dès qu’il en a eu les moyens, ils s’est acheté un voilier pour faire du charter.

    Damien est arrivé en Nouvelle Calédonie avec 20 000 cfp en poche et il a dû assez rapidement trouver du travail. Il s’est inscrit à l’ANPE et on lui a proposé un poste d’enseignant remplaçant à Païta où il a exercé pendant un an. Il s’est mis ensuite au chômage et a subsisté avec ses économies pendant une année à Katiramona, vallée des environs de Nouméa, tranquille malgré les évènements agitant et même endeuillant le pays. Entre quelques expériences à base de champignons hallucinogènes, il a passé son temps à lire de nombreux ouvrages, sur le bouddhisme, la cabale, l’ésotérisme et le yoga qui a été pour lui une véritable révélation. Il a commencé à entrevoir qu’il y avait dans la vie des intérêts et des valeurs plus fondamentales.

    En 1984, arrivé au bout de ses économies, il a trouvé refuge chez un copain, à la Vallée des Colons.

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    Le bout du monde

    C’était l’époque des « évènements » et du couvre feu sur Nouméa. Jean Louis était un autodidacte qui s’est beaucoup intéressé à la flore et à la faune, domaines dans lesquels il avait acquis des connaissances relativement poussées.

    Il cultivait des orchidées in vitro chez Monsieur Lavoix, compétence qu’il était à peu près le seul à maîtriser à l’époque sur le Territoire. Malgré les CRS à chaque carrefour, ils se faisaient régulièrement cambrioler. L’ambiance était à la déprime et ils ont décidé de s’échapper de Nouméa où la vie leur semblait de plus en plus insupportable. Ils avaient repéré sur une carte le village minier de Ouiné, qu’ils croyaient abandonné et ils ont décidé de s’y rendre à pied par les Dzumac.

    La randonnée a été épique. Surpris par une dépression et la montée de la rivière, ils ont été bloqués dans la forêt, dormant dans des hamacs sous des bâches. Après avoir épuisé leurs provisions, ils ont atteint Ouiné après 6 jours de galère. Alors qu’ils s’imaginaient arriver à un campement de mineurs désaffecté, ils ont eu la surprise de trouver un véritable village, avec un aérodrome, un héliport, une école et un magasin. Ils ont rencontré le vieux Georges Montagnat ; le Boss. Quand il les a vus, il s’est souvenu de sa jeunesse et il leur a raconté comment il avait commencé en dormant sous son camion avec sa femme, travaillant à la pelle et à la pioche pour prospecter le minerai. Il les a invités à passer deux jours au village. En discutant avec les gens, ils ont appris qu’à Kouakoué vivait Jeannot un vieux calédonien solitaire qui gardait des cochons.

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    Robinsons... volontaires

    De retour à Nouméa, ils ont vendu tout ce qu’ils avaient, ont acheté le matériel de première nécessité que Robinson a été bien content de trouver après son naufrage : tamioc*, scie, marteau, clous, bâches, cordes et matériel de pêche, puis ont affrété un hélicoptère qui les a déposé pour 45000 CFP dans la forêt, non loin du bord de mer, dans la région de Kouakoué.( * Tamioc : hache calédonienne )

    Ils ont défriché une clairière, coupé des rondins, épluché les troncs, découpé des tenons et des mortaises pour construire leur maison. Mais, inexpérimentés, ils la conçurent bien trop grande pour la terminer avant d’être découragés, avec un toit trop plat pour que la couverture végétale soit étanche aux pluies tropicales. Ils ont rencontré le vieux Jeannot qui leur a appris à planter du manioc, à choisir les cocos pour la cuisine, à pêcher les picots ; des gestes élémentaires de survie. Il leur a aussi parlé de Puruwa où il y avait selon lui, des cailloux de toutes les couleurs, des orangers qui croulent sous les fruits, des récifs « damés » de picots, des maniocs énormes …... un vrai paradis en somme.

    Ils ont eu la visite des gendarmes et même de la marine qui se demandaient s’ils étaient des agents de Kadafi ou des mercenaires papous impliqués dans un trafic d’armes au service des kanak. Ils devaient aussi être pédés ou drogués… Les rumeurs les plus diverses circulaient à leur sujet. Au bout d’un an, à force d’entamer d’innombrables travaux, sans jamais en finir aucun, les relations se sont dégradées et Damien a décidé de se rendre à Puruwa d’autant plus que des copains, qu’il avait rencontrés envisageaient d’y organiser des randonnées à cheval, à travers la chaîne. Il s’est mis alors à la recherche du propriétaire des lieux pour lui demander l’autorisation de s’y installer. Après deux ou trois randonnées entre copains, le projet de randonnées commerciales fut abandonné d’autant que plusieurs promoteurs repartirent en métropole.

    Damien est donc arrivé à la Pourina par un concours de circonstances. Au départ, sa motivation était de fuir Nouméa, quadrillée par les CRS, qui n’avait aucun attrait pour lui. Il y trouvait les gens inutilement compliqués et peu efficaces. Un jour il a assisté à une conversation entre deux personnes, dans un bureau. La première a proposé à l’autre de passer un week-end ensemble et ils ont mis trois quart d’heure pour se mettre d’accord sur le moment où elles pourraient se téléphoner pour fixer la date du week-end, alors qu’elles étaient toutes les deux là face à face…

    Il marche à l’intuition. A Puruwa, il a trouvé la vie belle et a estimé qu’il avait beaucoup de choses à y apprendre, sur les plantes, sur les façons de pêcher… A ceux qui le plaignent un peu, pensant qu’il a une vie dure, il répond qu’il mène une vie simple : s’il a envie de manger du manioc, il faut qu’il plante des maniocs ; s’il a envie de poisson, il doit aller à la pêche. Si le poulailler s’écroule, il doit en construire un nouveau, si la rame est cassée, il va chercher un bois pour en tailler une autre. Il plante l’igname, le récolte et le fait cuire pour le consommer. Il plante son café et quand il le boit, il est content parce qu’il trouve que son café a du cœur. Dans le jardin il a limité le nombre des plantes, parce qu’il y a des plantes pour lesquelles il éprouve de la sympathie. Il passe un peu de temps au jardin, mais pas trop. Le temps qu’on passe à faire une chose, on ne le passe pas à en faire d’autres. Il y a des centaines de choses possibles qu’on ne fait pas.

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    Une vie luxueuse... sans argent

    Le matin, il se lève, fait son yoga, mange une papaye, nourrit ses poules et déplace ses biquettes, puis il fait ce qui lui plaît. Il assume sa liberté. Il travaille une heure par jour et même quand il fumait du tabac, il dépensait moins de 50000 CFP par an ce qui représente à peine un SMIG mensuel. Pourtant il estime vivre dans un luxe inouï . Quand il jette son poisson dans la poêle, il arrive qu’il tape encore de la queue. Même un milliardaire n’a pas forcément cette chance. Il vend quelques cocos gravés et des vanilles pour vivre. L’argent pour lui n’est pas un problème ; il se sens plus riche des cadeaux qu’il peut faire que de ce qu’il possède. Quand il en a, il l’utilise avec parcimonie ou en fait cadeau à quelqu’un qui en a plus besoin que lui. Il n’y a pas de magasin à la Pourina. Un équilibre se crée, les besoins diminuent et des objets qui paraissent vitaux, en perdant leur caractère impérieux, deviennent le prétexte d’une véritable fête quand quelqu’un en apporte. La simplicité de la vie lui donne une forme de simplicité dans la tête. Il n’a aucune contrainte, pas d’horaire ni de patron ; excepté sa liberté même, maîtresse exigeante mais accepté.

    A Nouméa, on peut croiser 3000 personnes dans la journée, on dit bonjour à une vingtaine et on ne parle vraiment avec personne. A Puruwa, quand quelqu’un vient, la conversation s’engage immédiatement et parfois il arrive qu’on aborde des sujets de fond dès les premières phrases. Il y a parfois des questions auxquelles je réponds 2 heures après… 2 ans après. Je n’ai pas la même notion du temps. Il ne passe pas souvent de gens mais je ne me se sens pas vraiment seul . Tout ce qui m’entoure est lié à des souvenirs vibrant de présences, amicales le plus souvent.

    Sa richesse ne tient pas aux sous qu’il possède, mais à la richesse intérieure qu’il cultive. Il estime avoir acquis à Puruwa une forme de pragmatisme qui lui permet de s’adapter n’importe où dans le monde : à New York, Paris comme en Afrique ou au Tibet. Il a choisi un mode de vie qui correspond à son caractère, égocentrique et entêté, plutôt que de se plier aux rites et conventions sociales.

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    Enfants

    Même si les filles ont suscité chez lui une véritable frénésie, il n’a jamais songé à se marier car il n’a pas trouvé la femme avec laquelle il souhaitait s’engager pour la vie et avoir des enfants. De plus, il a essuyé pas mal de déceptions. Celles qu’il a fréquentées récemment lui ont demandé de choisir : soit elle, soit Puruwa. Il a invariablement choisi la Pourina. Aucune n’aurait accepté de partager durablement la vie qu’il avait choisie.

    Avoir des enfants à soi ? Les enfants des autres lui suffisent amplement. Khalil Gibran dit, dans « Le prophète » : « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ce sont des enfants du désir de la Vie pour elle même. Ils passent au travers de vous mais ils ne sont pas à vous. ». Pour lui un enfant aurait été inévitablement une source de problème : il aurait peut-être refusé de le vacciner et si par malheur cet enfant était mort, tout le monde l’aurait considéré coupable, alors qu’ il y a 50 ans il y avait 8 gosses par famille et il n’était pas rare que 2 ou 3 meurent. La mort faisait partie de la vie. Maintenant les gens ne veulent plus mourir.

    « C’est par les enfants qu’on perd sa liberté, ça commence par là : il faut payer le car, les fournitures, les vêtements pour l’école » Un enfant ?… Il aurait peut-être refusé de l’envoyer à l’école parce qu’il aurait tenu à assurer lui-même son éducation. Il lui aurait appris des choses qui ne sont pas dans les livres et aussi des choses que l’on trouve dans les livres, mais d’une autre façon qu’à l’école.

    Aujourd’hui le monde est fait d’abord pour les voitures ensuite pour les dossiers. Les enfants arrivent bien après. En matière d’éducation, si les enfants pouvaient aller avec leurs parents au travail, pour regarder ce qui se passe, ça changerait le monde. Le monde est fait pour les adultes. Quand on rentre dans une salle de classe on s’aperçoit que tous les bureaux sont pareils et quand on regarde les enfants, on constate que tous sont différents. Pour des enfants de 4 à 5 ans, qui ont l’habitude de marcher pieds nus au fond de la brousse, l’obligation de porter des chaussures est une aberration.

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    Vivre autrement

    La finalité en matière d’éducation pour tous les parents est évidemment que leurs enfants sachent se débrouiller tout seuls à n’importe quel moment de leur vie. Il estime qu’en tant qu’être humain, il n’est pas fini. Il est son propre enfant et essaye de s’accoucher lui-même avant d’avoir des relations complexes avec les autres.
    Un jour, quelqu’un vient le trouver et, le dialogue s’engage : « Tu fais de la politique toi, Damien ?
    - Ma vie entière, c’est de la politique. Le matin, je me réveille et je commence à faire mon jardin devant ma porte.
    - Mais la politique, c’est conduire les affaires de la Citée !
    - Je t’ai dit que je commence le jardin devant ma porte, mais je ne t’ai pas dit où je m’arrête ! ».
    Son combat politique, c’est d’aller le moins possible au magasin, c’est sa façon de s’opposer à la mondialisation. On rétorquera que tout le monde n’est pas en mesure d’en faire autant et Damien n’a pas la prétention de s’ériger en modèle. Toutefois, il fait la démonstration au quotidien, qu’on peut vivre autrement. On n’est pas obligé de travailler 8 heures par jours pour payer des factures indéfiniment. Les gens qui sont au chômage se plaignent de ne pas avoir de travail ; Quand on leur en donne, ils se plaignent des conditions de travail, des salaires, ils réclament des primes de Noël et ils se mettent en grève. N’importe qui peut constater que celui qui gagne 100 000 cfp par mois, tout comme celui qui en gagne 500 000, à la fin du mois n’a plus rien. Lui, cultive son champ de manioc, met son manioc dans la marmite et à la fin du mois le banquier ne lui envoie pas des lettres barbouillées en rouge, lui annonçant que son compte est à découvert.
    La lutte des classes, c’est une histoire de troupeau, tout comme la religion qui parle des brebis du Seigneur et du Bon Pasteur, est une histoire de troupeau. Quand les gens auront fini de se comporter de façon grégaire et que les individus vont prendre leur responsabilité personnelle, vraiment prendre en charge leur vie et leur destin, le monde va changer.
    En ce moment, on est dans une civilisation de l’irresponsabilité
    On consomme n’importe quoi, mais ce n’est pas grave. Il y a des médecins pour nous guérir.
    On fonce en voiture et on provoque un accident, ce n’est pas grave, le chirurgien va réparer le bonhomme , le mécanicien va réparer la voiture et c’est l’assurance qui paie. Même la vie humaine a un prix.
    Si on tue quelqu’un, l’assurance applique un tarif et ça se règle à l’amiable. Les gens peuvent tomber malades, l’assurance les paie à ne rien faire. Même ceux qui sont en bonne santé et qui voient les autres, payés à ne rien faire grâce à leurs cotisations finissent par être malades. C’est un réflexe humain que l’on trouve aussi à l’échelle familiale. On n’a plus le sens des responsabilités. Alors on s’étonne du trou de la sécurité sociale…

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    Des rats et des hommes

    Pour illustrer son propos, il a raconté 3 histoires de rats. Commençons par la première : Un scientifique met un rat dans une cage et il met une manette au bout d’un labyrinthe. Pendant 5 minutes, le rat va explorer le labyrinthe, il appuie sur la manette et il tombe sur un morceau de fromage. La seconde fois, il met 2 minutes pour effectuer la même manœuvre et au bout d’un moment, en 10 secondes il parvient à la nourriture. Quand il a bien mangé, il se met dans son nid et fait la sieste. Le scientifique dit à son assistant : « Vous avez vu comme le rat est intelligent ? il ne met plus que 10 secondes pour appuyer sur la manette ; et il n’a mis que quelques jours à acquérir ce conditionnement. ». Ils mettent une compagne dans la cage du rat qui s’adresse à elle : « Tu as vu comme cet homme est intelligent. Je l’ai bien dressé. A chaque fois que j’appuie sur la manette, il me donne à manger ». Selon la perspective où on se place, le même événement n’a pas du tout la même signification.

    Voici la seconde : Le scientifique est un malin. Il s’arrange pour que la nourriture ne tombe pas au bout de 10 secondes, mais au bout de 20 secondes. Le rat sort de son nid comme d’habitude. Il appuie sur la manette mais rien ne se passe. Il commence à tourner en rond, à taper un peu partout, à s’énerver, à repartir dans son nid, puis il recommence, mais ça ne marche pas. Au bout d’un moment, il fait 2 pirouettes, 3 vrilles, 3 petits bonds, il met exactement 20 secondes et ça marche ! Il appuie sur la manette et la nourriture tombe. Il retourne dans son nid, et quand il a faim il recommence : 2 pirouettes, 3 vrilles, 3 petits bonds et ça marche. Il va continuer ainsi alors qu’il aurait aussi bien pu attendre tranquillement que les 20 secondes s’écoulent, mais il est persuadé que les pirouettes, les vrilles et les bonds sont le secret de sa réussite. Cette histoire montre comment s’élaborent nos croyances et d’où elles tirent leur force. Tant que ça marche on y croit. C’est ainsi que tous les jours, on monte dans la voiture, on se rend au travail… On ne peut pas imaginer que ça puisse marcher autrement, c’est impossible car on détient la vérité prouvée par chaque réussite... douloureuse parfois.

    Pour finir, voici la troisième : Des scientifiques mettent 6 rats dans chaque cage. Ils séparent les rats de la nourriture par un bassin. Les rats se battent toute la nuit. Le matin, sur 6 rats, il y en un qui ne nage jamais, vivant des miettes laissées par les autres qui le repoussent, il y en a deux qui deviennent les esclaves de deux « maîtres » qui attendent leur nourriture sans jamais nager, quant au dernier, il va chercher sa propre nourriture et arrive à la défendre contre les envieux. Quand les scientifiques les ont disséqués pour les analyser, ils se sont aperçus que les plus stressés sont ceux qui avaient un esclave.

    Ils ont procédé à la même expérience avec 6 rats dominants, 6 esclaves, peu importe : le même scénario s’est reproduit. Après une grande bagarre toute la nuit le même schéma se reproduit dans toutes les cages.

    Il existe dans la nature des schèmes comportementaux auxquels il est difficile d’échapper, et la détermination du caractère, que l’on croit souvent lié à la personne, est largement déterminé par l’environnement social.

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    Domination

    Ses chats lui ont fourni l’occasion de faire une autre observation intéressante: le dominant arrive à sa gamelle et la vide. Le dominé est obligé de trouver de la nourriture ailleurs ; c’est donc lui qui va voler le poisson sur le fumoir ou chasser les lézards. Le jour où il n’y a rien dans la gamelle, le dominant aura beau rouler des mécaniques autour, il ne trouvera rien à manger, tandis que l’autre aura vite fait de s’adapter.

    On peut en tirer la conclusion suivante : les dominants sont plutôt conservateurs, et s’il y a une évolution, elle vient des dominés et de ceux qui sont rejetés.


    L'argent décalé

    Il vit en marge d’une tribu ce qui lui permet de suivre l’évolution des mentalités. En passant dans son jardin, une vieille lui dit qu’il avait de belles citrouilles et qu’il pourrait en tirer un bon prix au marché. Il lui a répondu qu’il n’avait aucune intention de vendre ses citrouilles qui sont « son manger ». Elle a passé à côté des fleurs et lui a demandé combien il était prêt à les vendre. « La foire les a traumatisés ; l’argent leur a rongé la cervelle. Je connais des gens qui vendrait leurs gosses s’il y avait un marché ! »; Il y a des kanak qui viennent parfois boire un café en faisant leur coup de pêche. Ils lui disent qu’il est plus kanak que les kanak et il leur répond : « C’est vous qui êtes des néozoreilles. Kanaky c’est fini, maintenant, avec les Accord de Nouméa, c’est la Néozoreillie que vous êtes en train de construire. Les vieux se plaignent qu’il n’y a plus de coutume, qu’il n’y a plus de respect, que les jeunes ne pensent qu’aux voitures et à l’argent. C’est normal ils recherchent ce qu’ils n’ont pas, mais il se pourrait bien qu’un jour il y ait un retour du balancier vers la tradition et l’ambiance cool de la tribu.

    Ce qui l’intéresse, c’est de comprendre la nature de la réalité. Chacun vit dans sa réalité, pourtant nous faisons toujours comme si, au-dehors, existait quelque chose qui soit pareil pour tout le monde que nous nommons : la réalité.


    Case

    Avec Shantou, son amie, ils ont décidé un jour de bâtir une case traditionnelle. Ils se sont rendus dans la forêt et ont choisi un arbre pour en faire le poteau central. Après quelques parole d’excuse à l’arbre et une coutume à la forêt, ils se sont mis à couper l’arbre. Il l’ont taillé à l’herminette, amené au tire-fort, puis dressé en terre kanak. Ils ont cherché les gaulettes, les ont assemblées avec des lianes rouges, arraché la paille, qu’ils ont liée en bottes et ils ont couvert le toit, à la manière des anciens. Ils y ont installé un chapeau qui laisse passer la fumée.

    Le travail a duré deux ans. Beaucoup de personnes sont venues pour visiter cette case et ont été surpris de n’y trouver aucun clou. Un vieux qui passait là leur a dit que si un indigène se mettait à construire une case de cette façon, on le retrouverait rapidement mort. Il faudrait d’abord que tout le monde soit d’accord. C’est un véritable défi du point de vue de la coutume que de lever une case. Pour Damien aussi, il s’agit d’un véritable défi et le fait que personne n’y ait encore mis le feu l’incline à penser qu’il est admis et respecté, car il s'agit bien d'un défi pacifique que celui de retrouver et faire survivre les solutions harmonieuses léguées par les anciens.


    La Mort

    L’autre jour, il faisait beau, la mer était calme et comme d’habitude, il s’est rendu avec sa brouette dans la cocoteraie pour y charger des cocos germés pour ses poules. Au retour, il a heurté un coco avec la brouette et s’est cogné le genou légèrement ; ça lui a fait un choc, comme un rêve qui se brise et il s’est mis à interpeller la mort en ces termes : « Eh toi ! Qu’est-ce que tu me veux ? Si tu y tiens, vas-y prends-moi tout de suite ! » et il lui a présenté sa poitrine. Il a attendu un peu et il a entendu son cœur battre. Il a poursuivi en disant : « C’est pas en tapant un petit coup comme ça que tu vas réussir à m’abattre. ».

    Alors il a entendu la voix de la mort lui répondre : « Le petit coup dans la poitrine, je te le donnais avant même que tu aies pris conscience de vivre… ».

    L’au-delà, s’il existe, il préfère ne pas y penser car il n’est pas du domaine de la pensée.

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    Lectures

    Son mode de vie lui laisse pas mal de temps pour lire. Deux livres l’ont particulièrement marqué : « Le prophète » de Khalil Gibran, un auteur iranien persan qui a une vision très généreuse de l’humanité, et le « Retour aux sources » de Lanza del Vasto. Il a lu beaucoup d’autres livres qu’il considère plus techniques, sur l’apiculture, la culture de la vanille la communication ou le yoga et qui lui permettent de progresser dans la vie quotidienne.

    Il a tenu à lire la Bible, pour mieux comprendre les fondements de la société judéo-chrétienne et pour être en mesure de communiquer avec les personnes qui s’y réfèrent. Il considère que l’enseignement de la Bible n’est pas assez pratique. Jésus a dit : « Il faut laisser les morts enterrer les morts, laisser sa famille et abandonner tous les biens pour le suivre… ». Il s’agit d’un chemin très escarpé qu'un bon père de famille ne suit pas. Il n’y a que quelques personnes exceptionnelles qui se sont conformées à cet enseignement : les franciscains, au début, qui ont fait vœu de pauvreté.


    Culture

    A la Bible, il préfère des livres de yoga, qui lui indiquent précisément comment il faut s’asseoir, comment il faut respirer pour atteindre tel état. N’étant pas de nature très discipliné, il ne considère pas le yoga comme une discipline de vie, mais plutôt comme un moyen de gagner sur la santé. Il a commencé à pratiquer le yoga du corps, il a appris à placer son corps. Ainsi, il se blesse rarement et sait éviter les faux mouvements. Il a acquis une certaine concentration et est capable d’effectuer une tâche assez longtemps sans s’éparpiller. Yoga veut dire « union ». La racine, en sanscrit, c’est joug. Il pratique le Hata yoga, qui est l’union entre le soleil et la lune, entre le Ying et le Yang, le chaud et le froid, ce qui active le métabolisme et ce qui le ralentit. Les Yogi essayent de rassembler ces deux énergies et de les tourner vers le haut. C’est aussi l’union entre l’individu et l’espèce, l’individu et Dieu. Il ne fait pas de préchi prêcha mais une sorte de prière intégrale où c’est le corps entier qui participe.

    Le yoga retentit dans sa vie de tous les jours de façon très concrète. Quand il est en train de faire un travail, il retrouve la respiration qu’il applique sur sa natte quand il fait ses exercices. C’est une façon d’apaiser le mental, sans influencer le contenu de ses pensées. Le bien et le mal, il n’y croit pas. Ce sont des notions sociales qui dépendent des époques et des modes. Il n’y a pas d



     

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