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Esclavage moderne
15/07/2006 09:12
Développement économique ou barbarie ?
Un témoignage de l'intérieur : à Goro pas moyen de lire...
Je suis en train d'essayer de vendre mes Kahiers Sauv@ges au patron d'un Tabac-Presse du centre ville. Vu la passion qui m'anime, il pense avoir besoin d'un peu de temps pour m'expédier et propose : "Attendez, je termine avec ce Monsieur, comme ça on sera plus tranquille." Le client fait visiblement partie des gens aisés ce qui n'empêche pas le sens de l'humour : "Comment ça ? Vous n'êtes pas tranquille avec moi ?"Le commerçant se défend : "C'est pas ce que je voulais dire... Mais ce dont nous parlons ne vous intéressera pas... à moins que vous désiriez en acheter un ?"Le coup d'oeil sur mes ouvrages est ponctué par un : "Pour Goro, c'est vraiment pas la peine..."
Je percute aussitôt : cet homme est un cadre travaillant sur le chantier du Sud. Le commercial en moi fond sur l'occasion : "Justement, quoi de mieux pour meubler les longues soirées au désert que la lecture ?" Il me jette un regard désabusé : "Là bas, c'est l'esclavage moderne, on n'a pas le temps ! On travaille sept jours sur sept !
Ils ont rétabli l'esclavage juste pour nous !"
Je lui mets sous le nez Gogos et gaga avec enthousiasme : "Hé bien, avec ce que vous venez de dire, je suis sûr que celui-ci va vous toucher !"
Il tente une dernière manoeuvre : "Je n'ai même plus 500 francs."
Je rafle les 400 de monnaie qu'il vient de récupérer en expliquant : Ce n'est pas un trop grand sacrifice pour voir mon ouvrage arriver sur le chantier ! Et quand vous lirez mes propos outranciers, quand vous découvrirez que j'ai employé des termes aussi inconvenants qu'esclavage pour décrire ce qui se passe dans le Sud, vous repenserez à ce que vous venez de nous raconter !
Cette personne ne fait pas partie des plus défavorisés, loin de là... Pourtant il a l'air bien remonté !
Alors, que dire de la main d'oeuvre locale, des travailleurs importés, qui subissent la même pression pour un salaire bien inférieur ? Auront-ils un jour la parole ?
Pour la petite histoire, le buraliste refusa le pourcentage que je lui proposai pour cette vente effectuée sur son comptoir...
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