Même les étrangers face au beau paysage
Pressentent les allées et les socles sans âges
Car en pays kanak la nature est humaine
Que l'on admire un lac la montagne ou la plaine
Hérissements serrés des géants colonaires
Touffes de cocotiers et buissons de mystères
Cordylines gardiennes et banians séculaires
Éternisent la vie si courte des grand-pères
Les esprits libérés de leur fourreau de chair
Discrètement ne cessent d'habiter les lieux chers
Visités rarement car ils font un peu peur
Aux enfants maintenant leur mémoire leur honneur
Mais un beau jour la brousse frémit sous le couteau
Et le tertre patient connaît un renouveau
Paroles et présents revivifient l'accord
Entre les gens vivants et ceux que l'on dit morts
Le chef le plus puissant n'est rien sans ses sujets
Le plus humble des clans maitrise les secrets
De pans de la culture qu'il doit harmoniser
Pas un ne doit manquer pour bâtir un succès
Les gens de la montagne en quête de poteau
Les paysans soignant l'igname le taro
Les pêcheurs les chasseurs tous se lêvent très tôt
Pour l'honneur de son clan on n'en fait jamais trop
Non ce n'est pas un bois mutilé orphelin
Car si la vie de l'arbre en ce jour a pris fin
Des racines d'esprit ont changé son destin
Dressé par la ferveur il incarne l'humain
Autour de l'axe en vie danse le peuple en fête
Une chorégraphie empressée vers sa tête
Liant poteaux et pannes et chevrons et gaulettes
L'aiguille va et vient dès que la paille est prête
Quand la flêche faîtière surplombe l'édifice
L'âme des vieux planant sur leurs filles et fils
Protège l'existence de tous les maléfices
Et l'on mange et l'on danse on sèche des calices
Pointe dorée semblant vouloir crever le ciel
Discret dôme trapu comme goutte de miel
Les cases si variées quand on use de l'oeil
Offrent la même ambiance dès qu'on passe le seuil
Enceinte chaude et close comme un envers du monde
Y tourne la parole que le calme féconde
Autour d'un feu de bois qui fait danser les ombres
Pour chasser les soucis les frayeurs les plus sombres
Si profond le sommeil apaisant corps et sens
Chaque matin se vit comme une renaissance
Eblouie d'un soleil qui parait toujours neuf
À celui qui s'étire comme au sortir de l'oeuf
Ce poème a été écrit sous l'impulsion de Sylvain Moutault, artiste plasticien actuellement en formation en métropole. Comme moi, il a construit une case avec l'aide d'amis kanaks et s'en est servi comme lieu de vie à La Coulée, au Mont-Dore.
Damien Faugerolles
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